Rapport missionnaire n°5

 

 

Caixa de texto: Jean-Emmanuel Poumailloux Gestionnaire d’une cantine et d’un soutien scolaire sur la paroisse Notre-Dame des Alagados Salvador – Brésil Adresse : Rua Direita do Uruguai 328 CEP 40450210 SALVADOR – BRASIL Email : jeanpoum@yahoo.fr Date : 30 novembre 2007

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Rapport missionnaire N° 5

 

 



 

Chers parrains et chers amis,

 

 

Me voilà de nouveau pour vous donner quelques nouvelles concernant ma mission Fidesco aux Alagados.

 

Les mois de Janvier et Février correspondent aux mois de Juillet et Août chez nous. C’est donc les grandes vacances et les activités de la paroisse diminuent considérablement ce qui permet de souffler un peu. Le mois de Mars est un mois de rentrée et toutes les activités se mettent en place peu à peu.

I)       Quelques spécificités brésiliennes

1)     Caixa de texto: La météo

 

L’été brésilien est bien chaud. 30 degré de moyenne avec un taux élevé d’humidité ce qui rend le ventilateur indispensable. La nuit, la température diminue de quelques degrés mais très peu. Il fait beau tous les jours et les pluies sont rares. Une brise légère souffle quasiment en permanence, ce qui aide à supporter la chaleur. L’intérieur de la Bahia est réputé pour son aridité l’été. On y trouve des cactus grand comme des arbres.

2)     Les nombreux fruits brésiliens

Le Brésil possède une très grande varité de fruits. En voici quelques uns :

Caixa de texto: Le cajoux (dont on tire la noix), la mangue, la noix de coco, la jaca, la ciriguela, le melon d’eau, la pastèque, l’anana, l’orange, le kiwi, la banane (cinq sortes), l’acerola, le papayes, le fruit de la passion, la goyave, la graviola. C’est bien difficile de vous les décrire tous et de vous faire imaginer le goût qu’ils ont. Le plus simple est que vous veniez me rendre visite ! Ce que je peux dire de plus c’est que c’est un vrai agrément par de telles températures de pouvoir boire divers jus de fruits très bon marché et tous délicieux. Cette pratique est tellement bien passée dans la culture que le mixeur à fruit est un des premiers appareils électroménager à équiper une cuisine.

 

Voilà un site pour ceux qui veulent en savoir plus et connaître les différentes vertus de ces fruits: http://arara.fr/BBFRUITS.html

3)     Les grandes disparités entre les régions du Brésil

En passant quelques jours de retraite en silence près de Fortaleza, j'ai pu voir que les régions du Brésil sont différenciées. Dans cette région-là, la foi catholique est vive (près de 20% de pratiquants réguliers) et les jeunes ne restent pas en marge. En semaine les églises sont pleines et le dimanche ça déborde dans la rue. De nombreuses  communautés nouvelles y sont nées ces dernières années et y font du bon travail (dont la plus connue: Shalom).

II)    La vie de la paroisse

Pendant les vacances scolaire (de janvier à début février) la plupart des groupes paroissiaux interrompent leurs activités. La vie de la paroisse se concentre alors autour des messes, des temps d’adoration et de quelques évènements. C’est l’occasion pour moi de lever le pied et de prendre du recul sur pas mal de mes services : soutien scolaire, cours de français, cours de guitare, accompagnement des confirmands, groupe de jeune Nova Aliança. J’en profite pour faire le bilan de chacun des services et pour préparer l’année qui vient.

1)     Le soutien scolaire

L’année 2007 a été l’année du lancement de ce service social sur la paroisse. Le bilan est positif vu la progression scolaire et humaine des enfants accueillis mais beaucoup d’améliorations restent à faire. J’ai pensé tout d’abord qu’un service reposant presque entièrement sur du bénévolat ne nécessiterai pas de gros besoins financiers. Je me rend compte petit à petit que si nous voulons être efficaces il nous faut du matériel de bonne qualité et en quantité suffisante ainsi que du personnel qualifié.

Il me reste cinq mois de présence ici avant de rentrer en France. Je travaille dans la perspective de laisser une structure capable de s’auto-gérer. Quatre associations sont intéressées pour participer au financement de notre service et sont prêtes à s’engager sur plusieurs années. La survie financière du projet paraît donc assurée au moins pour ces premières années.

Du point de vue pédagogique, Martha (voir rapport missionnaire n°4) va s’occuper de la formation et de l’accompagnement des 16 professeurs bénévoles. Je vais travailler pour ma part à la coordination du personnel et au suivit des dépenses.

a)     Caixa de texto: La rentrée du soutien scolaire

 

Le soutien scolaire à fait sa rentrée le 5 Mars dernier. Nous commençons petit à petit en essayant de structurer chaque service. Les professeurs bénévoles ont reçu une semaine de formation avant de commencer. Nous travaillons en ce moment à la réalisation de supports pédagogiques pour l'enseignement car les livres que nous avons trouvé sont très mal fait (la théorie n'est pas claire, les exercices sont très peu nombreux et l'attention est dispersée par toutes sortes de jeux et d'illustrations). C'est un travail conséquent mais pédagogiquement fort intéressant et qui a de l'enjeu (on pourrait en faire profiter les nombreux soutiens scolaires qui existent dans le quartier). C'est Martha, la conseillère pédagogique qui mène ce travail.

 

Nous avons commencé cette année en ouvrant les portes aux enfants qui ayant participé l'année précédente (ça fait déjà 40 enfants) et nous intégrons peu à peu de nouveaux participants. Nous attendons pour cela de vérifier le nombre de professeurs bénévoles qui vont s'avérer persévérants et nous en profitons pour les former.

Caixa de texto:

 

Uilians est un des jeunes volontaires les plus motivés. Il vient tous les matin du mardi au vendredi et parcours pour cela près de trois kilomètres à pied à l'aller comme au retour. Agé de 19 ans, il avait interrompu sa scolarité pour entrer dans l’armée mais a finalement quitté la carrière militaire et compte continuer le lycée en cours de soir cette année.

 

Caixa de texto:

Adriele est une jeune fille de 16 ans de la paroisse qui avait entendu mes nombreux appel à l'aide pour le soutien scolaire mais ne voulait pas s'impliquer dans un service dont elle devinait les exigences et la fatigue induite. Poussée par sa mère, elle a cependant participé à la dernière journée de formation et s'est laissé convaincre de tenter l'expérience. Elle vient me voir après une semaine, les yeux brillants de joie : « Jean, je croyais que je ne serais pas capable d'enseigner à des enfants et j'avais peur de manque de patience envers eux. Et bien je me suis tellement attaché à eux que je meure d'impatience de les revoirs mardi prochain ! De plus, cette semaine, pendant l'adoration j'ai ouvert la Bible et je suis tombé sur ce passage : "quiconque reçoit en mon nom un petit enfant comme celui-ci, me reçoit moi-même". Elle s'est engagée à venir servir du mardi au vendredi !

 

Caixa de texto: Andressa est une jeune fille qui a commencé le soutien scolaire cette année. A la différence des autres enfants qui fréquentent le service depuis un an déjà, elle était très rebelle et très instable. Les deux premiers jours, j’ai fait attention à lui témoigner de l’attention et le troisième jours elle est venue à deux reprise se blottir contre moi vérifiant ainsi si elle était la bienvenue. En une semaine elle est devenue seraine et très docile. Elle avait juste besoin de se savoir aimée comme elle est. Par la même occasion, je prend conscience du chemin parcouru par tous les enfants qui participent du soutien scolaire depuis l’année dernière. Quel service merveilleux que ce soutien scolaire et toute l’éducation et l’amour que nous passons par ce biais ! Tout ça, c’est aussi grâce à vous. De tout coeur, MERCI !

2)     Mes autres services sur la paroisse.

a)     Le cours de français

Le cours de français a conclu 11 mois d’activité ! Le bilan est mitigé car peu d’élèves sont capables de s’exprimer un peu en français. On peut dire que ce fut un bon cours introductif à la langue française. Cette année, je compte fusionner les deux cours commencés en un cours intensif. Le but est de leur permettre de comprendre une conversation de base et de savoir construire quelques phrases. Pour rappel, le deuxième cours de français était composé de jeunes de la paroisse qui vont passer quelques jours en France, en Espagne et au Portugal en Août prochain avec un groupe de Marseilles. J’ai remarqué que plusieurs se sont affermis dans leur volonté d’apprendre le français. J’ai donc bon espoir. Il me reste à bien préparer mes cours et à savoir gérer la difficulté pour ne pas les décourager.

b)    Le cours de guitare

Le cours de guitare s’est lui aussi mis en vacances. Deux élèves ont bien progressé et les autres se sont initiés mais le plus gros reste à faire. Je compte passer la main l’année qui vient à Alex, un séminariste brésilien du diocèse du père Rafaël qui vient faire un stage d’un an sur notre paroisse avant de s’attaquer à la théologie. Il joue depuis son enfance et à déjà donné des cours. Il a donc toutes ses chances.

c)      Le groupe de préparation à la confirmation

Le groupe que nous avons accompagné a reçu le sacrement de la confirmation le 24 novembre dernier. J’en avait déjà touché quelques mots dans le dernier rapport missionnaire. Nous avons changé de responsable pour cette année 2008. Les objectifs sont d’améliorer la cohérence de la trame des enseignements, faciliter l’interarctivité avec les enseignés et introduire davantage à l’expérience de la prière.

d)    Nova Aliança

Caixa de texto: Le groupe Nova Aliança a eu une première année bien laborieuse. Il a changé de responsable et ses membres ne se sont toujours pas engagé de façon personnelle. Je crois avoir fait tout mon possible pour les fidéliser mais ce fut sans grand succès. Je recherche donc une solution pour fidéliser ces jeunes, les initier à la prière et leur enseigner le contenu de la foi d’une autre façon que seulement par notre petit groupe. J’ai proposé de réunir tous les jeunes de la paroisse une fois par moi pour un temps de louange, de formation et d’adoration. L’idée est d’avancer avec les plus motivés. Plus nous vivrons de Dieu, plus nous attirerons d’autres jeunes à vivre en Dieu, pour Dieu. Pendant la journée de retraite des jeunes, quelqu’un a donné cette parole « si vous êtes ce que vous devez être, vous mettrez le feu au monde ! » (de Ste Catherine de Sienne et reprise par Benoît VI). Eh bien, allons-y !

e)     Recyclage

Nous devons libérer le local où nous entreposions le matériel recyclable pour permettre de rénover le bâtiment dans lequel il se trouve. Nous pensons donc cesser notre activité et réorienter nos donateurs vers les personnes de la paroisse qui vivent de ce travail.
f)       La chorale

La chorale a été confiée aux bonnes mains du père Rafaël depuis le mois de novembre dernier. J’y participe toujours mais n’en suis plus le responsable. Après avoir animé avec succès les célébrations de Noël, elle se prépare maintenant à embellir la liturgie pascale.

III)  Découvertes sur le plan spirituel :
a)     Justice sociale

Après ces quelques mois passés dans une favela brésilienne, je pense que la disparité dans la répartition des richesses du monde est une injustice criante, autrement dit un scandale permanent (expression utilisée par Benoît VI pour parler de la faim dans le monde). Le fait que l'écart grandit entre les plus riches et les plus pauvres montre bien que la grande majorité des favorisés continuent à ignorer et donc à mépriser la vie des pauvres. Il y a beaucoup de travail à faire dans ce sens et je demande à Dieu le courage de ne pas oublier cette vérité quand je retournerai en Europe.

 

Caixa de texto:

Parfois, la violence est un réflexe de survie. Elle peut être l’expression de la volonté de vivre de ceux qui vivent dans la nécessité et qui ne voient pas comment s’en sortir. Ils revendiquent le droit de vivre. Il y a des cas que l’on pourrait classer dans la catégorie de la légitime défense. L’Eglise catholique enseigne d’ailleurs à ce sujet que si quelqu’un meurt de faim pendant que son voisin est dans l’aisance, s’il ne lui reste pas d’autres moyens, il a le droit et le devoir de voler son voisin pour survivre. Je ne cherche pas à justifier le recours à la violence mais je la ressitue dans son contexte pour que vous puissiez comprendre qu’elle n’est pas gratuite mais qu’elle prend sa sources dans un ensemble d’injustices graves. Si l’on regarde mon quartier, c’est flagrant que la très grande majorité des gens vivants de la violence vivent dans la partie la plus démunie. A mon avis, te taux de chômage y dépasse les 50 % de la population en âge de travailler.
b)    Pardonner pour pouvoir vivre

 

Caixa de texto: Carla

Dans les conditions de vie qui sont celles de mon quartier, il est nécessaire de pardonner beaucoup d'offenses, à longueur de journée. Le voisin qui impose sa musique à tout le monde (et dont les paroles grossières invitent au vice), la compagnie de téléphone qui nous appelle à 21h45 (heure où je suis déjà couché) pour savoir si nous sommes satisfait de notre contrat avec eux (et qui répète le coup de fil trois fois par mois au même horaire malgré nos réclamations), les enfants mal éduqués des taudis voisins qui viennent jeter de grosses pierres sur le manguier jouxtant notre maison pour en faire tomber les mangues ce qui a pour effet d'avoir troué notre toit et cassé plusieurs tuiles, la voiture publicitaire du magasin voisin qui passe le samedi et le dimanche dans notre rue pour faire la publicité avec un son si fort que lorsqu'il passe à notre niveau il n'est plus possible de converser avec son voisin de table (et qui n'hésite pas à passer et à repasser), la voisine qui persiste à déposer ses reste de bougies sur l'herbe devant l'Église sous prétexte qu'elle croit que ça lui attire les bénédictions de ses divinités, le voleur de fil électrique qui vient les brûler sur la place de l'Église et qui par la même occasion met le feu à notre pelouse désséchée, etc... Je ne peux pas tout raconter mais j'essaye de vous faire comprendre combien le pardon est particulièrement nécessaire pour survivre ici. C'est une bonne école pour moi et je découvre qu'avec le temps cela s'avère extrêmement exigeant. Il n'est presque jamais possible d'obtenir justice. Soit on essaye d'ignorer le mal qui nous est fait mais ça ne tient pas longtemps et l'amertume a vite endurci notre coeur ; soit on puise dans le fait que le bon Dieu nous pardonne tellement plus chaque jour que nous pouvons bien pardonner les offenses reçues. A ce sujet, je voudrai citer l'exemple de Carla, une jeune fille de la paroisse qui a reçu le baptême l'année dernière. Elle avait une haine pour son frère qui lui faisait désirer sa mort tous les jours. Elle ne supportait plus d'être en sa présence. Témoin de la force de la communion eucharistique chez sa soeur handicapée qu'elle a accompagnée jusqu'à sa mort, elle a décidé de recevoir le baptême. Après celui-ci, elle a senti qu'elle commençait à devenir capable de pardonner à son frère et c'est ce qu'elle a fait. Merci mon Dieu !
c)     La force de la foi

Caixa de texto:

Malgré toutes les misères supportées, la vie suit son cours. Le nombre de morts est élevé mais l’addition de tous les efforts pour vivre ou survivre permet une amélioration lente mais bien réelle des conditions de vie. La deuxième ou la troisième génération hérite déjà d’une maisonnette et s’appuie sur ce capital pour construire sa vie. La vie est fragile et en même temps on peu dire qu’elle a la peau dure. Tous les gestes comptent et l’on donne à ses fils ce que l’on a réussi à construire soi-même. Le Brésil jouit d’une certaine paix et ça permet de construire plus que l’on ne démolit. C’est beau de voir ce travail, fruit du labeur des hommes. Un lit, une maison, un toit, même mal faits sont le fruit de tant d’efforts et de sacrifices ! Cela leur donne beaucoup de valeur. Je visitais dernièrement deux jeunes filles de la paroisse qui n’ont pas de lit et dorment à même le sol. Le jour où elles vont réussir à acheter le lit et des matelas, quelle victoire ! Pour l’instant, c’est inenvisageable vu leur salaire mais qui sait, en étudiant le soir, elles trouveront peut-être un emploi par la suite mieux rémunéré et pourront s’offrir un lit et un matela. C’est pour leur dignité qu’elle luttent : elles ne sont pas des bêtes, elles ont droit de dormir comme il faut. C’est un beau témoignage en soit. C’est une foi dans la vie ! Je vis et j’ai de la valeur. Ma vie vaut la peine d’être vécue, et d’être vécue dignement.
IV)Pour conclure ...

Caixa de texto: Avec le père Bernard, pendant la procession des rameaux.

Ici s’achève ce cinquième rapport missionnaire. Je vous rappelle ou vous informe si vous ne le saviez pas que ma mission prend fin en Juillet prochain car je dois réintégrer le séminaire afin d’y étudier la théologie avant, si Dieu le permet, d’être ordonné prêtre.

 

Gardez-moi bien dans vos prières. Si certain veulent me rendre visite, ils sont les bienvenus.

 

Merci encore à tous ceux qui participent financièrement à cette mission. C’est grâce à vous que je peux vivre ce temps de formation auprès de mes amis et mes frères des Alagados. Que Dieu vous le rende largement !

 

 

Bien affectueusement,

 

 

 

Jean-Emmanuel Poumailloux

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